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Massage et cancer




L’oncomassage, intégré au parcours de soins outre-Atlantique, commence à s’implanter en France. Plébiscité par les patients, il provoque encore méfiance - voire défiance - chez certains soignants.

D’abord les orteils de Marie-Christine, puis les mains d’Edith… Lisa caresse, effleure, dénoue. Serions-nous dans un Spa parisien ? Nullement. Bienvenue sur le plateau de chimiothérapie ambulatoire de la clinique de l’Europe, à Port-Marly !

"Tous les lundis depuis trois ans, nous proposons des modelages aux malades, en accord avec les oncologues", explique Christine Koulmann, responsable des soins. L’équipe de masseuses officie sur le "plateau" auprès des 12 malades installés dans leur fauteuil - ou se rend dans les chambres pour soulager celles qui ne peuvent pas se déplacer.

Un instant de bonheur qui aide à lâcher prise. Un véritable "miracle" même pour Edith, dont les terminaisons nerveuses avaient été altérées par les chimiothérapies et qui retrouve la sensibilité de ses mains et de ses pieds.

Aux états-Unis, au Canada ou, plus près, en Suisse, le massage fait partie du paysage hospitalier.

Selon l’étude du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York réalisée en 2004, les patients massés à l’hôpital enregistrent une réduction de près de 50 % de la fatigue, des nausées, des douleurs et de l’anxiété, qui persiste pendant 48 heures. Rien d’étonnant pour Sophie, infirmière de nuit au Puy-en-Velay formée au toucher-massage.

"C’est un soin à part entière, que je note comme tel dans le dossier. Le soir, notamment, quand les malades sont seuls, donc plus angoissés, le massage est bénéfique. Il apporte un bien-être physique et psychique. Pour nous, c’est réconfortant de voir nos patients se détendre après les gestes parfois agressifs qu’ils subissent."

L'oncomassage s'implante doucement

Pourtant, en France, cette pratique peine à s’imposer. "Cela pourrait réveiller des cellules cancéreuses", met-on en garde. "On ne sait pas trop…", bottent en touche les oncologues. De quoi dérouter les malades !

En fait, seuls les massages purement thérapeutiques, comme les drainages lymphatiques prescrits par les chirurgiens et pratiqués par des kinésithérapeutes en prévention du "gros bras" ou pour réparer le tissu après la radiothérapie, suscitent le consensus.

Au-delà, c’est le flou. Ce qui n’empêche pas bon nombre de patients, en quête de bien-être, de se rendre dans des instituts. Les plus sérieux les soumettent à un questionnaire et peuvent refuser de les masser. Comme pour les femmes enceintes, en effet, il existe des contre-indications.

Conscient de la situation et convaincu des bienfaits de certains massages "comme traitement d’accompagnement du cancer mais en aucun cas traitement à part entière", Florian Scotte, oncologue et secrétaire général à l’Afsos (Association francophone pour les soins oncologiques de support), a décidé d’agir :

"Un groupe de travail va rapidement réfléchir à ce sujet pour proposer des outils d’aide à la prescription car il faut impérativement protéger les patients et pouvoir les diriger vers des masseurs professionnels, connaissant les limites et les risques de leur technique. Les massages font partie des PNCAVT (pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique) et doivent être évalués en termes d’efficacité contre placebo, mais également à distance, sur l’absence d’effets indésirables."

Objectif ? Identifier et codifier les bonnes pratiques, et les intégrer à la carte des soins de support.



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